Les d'Alluye, premiers seigneurs de Saint-Christophe

Les d'Alluye furent les premiers seigneurs de Chasteaux, en Anjou (Château-la-Vallière) et de Saint-Christophe, en Touraine (Saint-Christophe-sur-le-Nais).
Leur présence dans la région est attestée de 978 à environ 1250, mais leur histoire est mal connue, sauf celle de Jehan d'Alluye qui nous a laissé de nombreuses chartes.

Jehan dut régner de 1200 à 1248. Fait chevalier banneret par Philippe Auguste, en 1213, il participa à ses côtés à la bataille de Bouvines en 1214.
Comme ses aïeux du XIème siècle, il s'en alla guerroyer en Terre sainte. Il semblerait qu'il s'y trouvait vers 1240. Or, la sixième croisade s'était terminée en 1229 et la septième, conduite par Saint Louis, ne partit qu'en 1248. On suppose donc que Jean II accompagna, en 1239, Thibault IV de Champagne, dit le Chansonnier dans la triste équipée de la croisade dite des Poètes. Ce qui est sûr c'est qu'il reparut en Crète en août 1241 pour recevoir d'un évêque nommé Thomas un cadeau inestimable : un morceau de la Vraie Croix en forme de croix à double traverse.

Cette apparition en Crète n'a rien de surprenant. La croisade des Poètes terminée, les Français rembarquèrent à Saint-Jean-d'Acre le 24 septembre 1240 sur des navires de Vénitiens, transporteurs habituels des croisés, qui firent escale en Crète située dans leur zone d'influence.

Revenu en Anjou que fit Jehan d'Alluye de sa précieuse croix ? La confier au prieuré de Chasteaux ? Où à celui de Saint-Christophe ? Où à l'abbaye de la Clarté Dieu installée sur ses terres en 1239 ? Non. Jehan vendit sa relique aux cisterciens de l'abbaye de la Boissière (commune de Dénézé-sous-le-Lude) pour 550 livres tournois.

Les expéditions en Terre sainte avec une nombreuse escorte ruinaient les seigneurs. Pour partir, Jehan avait emprunté 150 livres tournois remboursables dans les 10 ans. A son retour, il vendit plusieurs droits pour renflouer sa trésorerie. C'est donc par nécessité qu'il vendit la croix. Avec une compensation : la proximité de la Boissière où il pouvait se rendre facilement pour aller prier. D'ailleurs, aux moines, il octroya une rente pour l'entretien d'un luminaire devant la relique et, plus tard, un legs de 300 livres qui leur fut payé par ses héritiers, longtemps après sa mort en 1267.

A sa mort, vers 1248, il eut sa sépulture à l'entrée des galeries du cloître de l'abbaye de la Clarté Dieu. Son tombeau connut maintes vicissitudes après la Révolution. On retrouva, à la fin du 19e siècle, son gisant qui servait de pont au-dessus du petit ruisseau de la Clarté. Ce gisant fut vendu à un antiquaire et se trouve actuellement dans la Chapelle gothique du Musée des Cloîtres, à New-York.

http://www.metmuseum.org/toah/hd/crus/ho_25.120.201.htm