Sur le calendrier peint au XIVe siècle, dans l’église de St Christophe, le mois d'octobre figure la récolte des pommes.

Vin, vigne et vignerons à Saint-Christophe-sur-le-Nais

Jusqu’à une période relativement récente, la vigne occupait une place de choix à Saint-Christophe. Il faut dire que le terroir communal dispose de plusieurs coteaux bien exposés qui se prêtent particulièrement bien à cette culture. Ainsi, durant plusieurs siècles, la réputation des vins de Saint-Christophe (notamment de ses blancs) n’était plus à faire.

Quelques parcelles vers St Gilles
Quelques parcelles vers St Gilles

 

La première mention de l’activité viticole à Saint-Christophe remonte au xie siècle, soit au tout début de l’histoire de notre village. Dans une charte de février 1083 conservée aux Archives départementales du Maine-et-Loire, Richilde, veuve d’Hugues III d’Alluye, seigneur du château de Saint-Christophe, et ses enfants, Hugues et Domitille, confirment la donation d’un clos de vigne faite par leur mari et père aux moines de Saint-Florent de Saumur. L’acte précise que le clos en question a été planté et soigné par le seigneur lui-même ; il mentionne également l’existence d’un pressoir. Autre témoignage de la présence de la vigne à Saint-Christophe dès le Moyen Âge : dans l’église, sur la fresque des travaux des mois datant de la première moitié du xive siècle, on peut observer la taille (mois de mars) et la récolte (septembre).

Le mois de mars
Le mois de mars

Au cours du Moyen Âge et pendant une grande partie de la période suivante, la date des vendanges était soumise au pouvoir seigneurial. Pour se plier au pouvoir de commandement du seigneur (appelé « ban »), tous les propriétaires de parcelles non closes devaient en effet attendre la proclamation du ban seigneurial pour entamer la récolte. Pour cela, le seigneur faisait réunir par l’intermédiaire de ses officiers de justice une assemblée des habitants chargée de fixer la date du début des vendanges. Pour la période 1681-1788, on dispose ainsi du résultat de 35 de ces assemblées. À la lecture de ces documents, on peut noter que les vendanges sont alors très tardives puisqu’elles commencent généralement après le 10 octobre ; certaines d’entre elles ont même lieu durant la première semaine de novembre.

À la fin de l’Ancien Régime, l’activité viticole occupe une place non négligeable dans la vie économique et sociale locale. D’après un mémoire de 1691, la vigne s’étend sur 180 arpents (119 ha) à Saint-Christophe, ce qui représente environ 16 % de la superficie totale, contre 70 % pour les terres labourables plantées essentiellement en méteil (mélange de froment et de seigle). Cependant, à cette époque, la vigne constituait rarement une activité à plein temps. Ainsi, les véritables vignerons sont relativement peu nombreux. Pour preuve, au cours des années 1753-1762, nous n’avons retrouvé que 6 mentions de vignerons dans les actes de baptême (soit 1,1 % du total des mentions). De même, parmi ceux qui ont participé à l’élaboration du cahier de doléances de 1789, on ne trouve que deux vignerons (Julien Baillou et Pierre Brault), qui représentent seulement 4 % des signataires. D’après les relevés effectués par Pierre Robert, il ressort que la viticulture et les activités annexes (tonnellerie), bien qu’encore importantes, reculent vers la fin du xviiie siècle.

M. Chevallier, le dernier tonnelier de St Christophe
M. Chevallier, le dernier tonnelier de St Christophe

Les délibérations municipales de 1816 à 1852 font régulièrement état du ban des vendanges en fixant tout simplement la date du début de celles-ci, comme en 1816 : Le ban des vendanges est fixé au mardi 12 novembre ; mais certaines années, comme en 1841, elles apportent une précision supplémentaire et intéressante : Le ban des vendanges pour les vignes non closes est fixé au lundi 25 octobre, les grappilleurs ne pourront se présenter dans les vignes que le jeudi 28 suivant. En observant attentivement ces dates, nous constatons qu’une année sur trois les vendanges débutent entre le 20 et le 31 octobre. La date la plus précoce étant, pour 1822, le 25 septembre, et la plus tardive, pour 1838, le 13 novembre.

 

Les divers recensements nous éclairent sur le nombre de vignerons, mais aussi sur les tonneliers dont le travail dépendait étroitement de la vigne. Voici, ci-dessus, un tableau récapitulatif couvrant la période 1836-1975.

Une des dernières maisons de vignes qui étaient présentes sur le territoire communal
Une des dernières maisons de vignes qui étaient présentes sur le territoire communal

En consultant les matrices cadastrales, nous constatons que la commune de Saint-Christophe comptait, en 1836, 616 parcelles de vigne couvrant 132,5 ha ce qui représentait 7,3 % de son territoire. La parcelle la plus étendue occupait 6 ha. En 1913, la commune comptait encore 124 ha de vigne et 3 ha de vergers.

 

Le 1er octobre 1946, à l’initiative de M. Girard et de son équipe municipale, se tint la première foire exposition de Saint-Christophe qui avait pour but de promouvoir les productions locales dont les vins, en particulier.

 

Foire 1948, le char de Bacchus
Foire 1948, le char de Bacchus
Foire 1948, dégustation des vins
Foire 1948, dégustation des vins

À la même époque et toujours à l’instigation du maire, fut créée la « Confrérie des compagnons de la busse » qui devait regrouper les vignerons du secteur. Cette confrérie ne perdura que quelques années car la production de vin était en perte de vitesse et les vignes faisaient de plus en plus place aux vergers.

Cette irrémédiable disparition progressive ne put être stoppée malgré la création, en 1948, de l’aire d'appellation contrôlée « Coteaux du Loir » qui couvrait en partie 22 communes dont Saint-Christophe.

Actuellement, il ne reste plus qu’une petite dizaine de parcelles sur la commune et chaque année il en disparaît.

La vigne en automne
La vigne en automne

Lionel Royer et Fabrice Mauclair

Histoire et Patrimoine