Sur le calendrier peint au XIVe siècle, dans l’église de St Christophe, le mois d'août est représenté par un personnage battant le blé au fléau.

La saint Christophe et ses pèlerinages

Le 21 août est, pour les catholiques, le jour où ils honorent saint Christophe. L'église de notre village étant dédiée à ce saint, c'est tout naturellement que la commune a pris ce patronyme comme une quarantaine d'autres en France. Le nom fut complété par "sur-le-Nais" à la suite d'une délibération municipale du 28 octobre 1937.

Qui était saint Christophe ?

Buste reliquaire en bois doré (XVIIIe)
Buste reliquaire en bois doré (XVIIIe)

La légende de saint Christophe

Sa légende ne remonte qu'au XIe siècle et n'est que le développement de son nom "Christophoros" qui signifie en grec "Porte-Christ".

Son nom véritable aurait été Auferus (brigand) ou Reprobus (le Maudit, le Réprouvé).

D'après la tradition popularisée au XIIIe siècle par la Légende dorée, l'homme qui avait porté le Sauveur sur ses épaules ne pouvait être qu'un géant. Fier de sa force il ne consent qu'à servir le souverain le plus puissant de l'univers. Il se met au service d'un roi ; mais ayant observé que son maître avait peur du diable, il le quitte pour servir Satan. Il est encore une fois déçu, car la vue d'une croix de carrefour suffit pour mettre le diable en déroute. Sur le conseil d'un ermite, il s'engage alors au service du Christ et se consacre, pour lui complaire, aux voyageurs et aux pèlerins auxquels il fait traverser un fleuve dangereux.

Un soir il s'entend appeler par un enfant qui lui demande de le charger sur ses épaules ; mais le fardeau devient de plus en plus lourd, si bien que le géant, appuyé sur un tronc d'arbre qui risque de se rompre, a peine à gagner la rive opposée où un ermite le guide avec sa lanterne. L'enfant mystérieux se fait alors reconnaître et lui révèle qu'il est le Christ, souverain du ciel et de la terre. Pour lui en donner la preuve, il lui dit de planter en terre son bâton qui se transforme en palmier garni de dattes.

Dans l'Enfant Jésus, le géant reconnaît son maître.

Le culte de saint Christophe est attesté dès 450 par une inscription grecque d'Asie Mineure, ce culte gagne, au Ve siècle, Constantinople et la Sicile.

La popularité de cet Hercule chrétien a le même fondement que celle de sainte Barbe ; il était sensé protéger contre un des malheurs les plus redoutés au Moyen-âge : la mort subite sans confession, qu'on appelait la "male mort". D'après la croyance populaire, il suffisait d'avoir vu l'image de saint Christophe pour être toute la journée à l'abri de ce danger. Cette superstition est attestée par nombre de dictons comme :

"Regarde saint Christophe, puis va-t-en rassuré" ou

"Quand du grand saint Christophe on a vu le portrait,

De la mort, en ce jour-là, on ne craint plus le trait".

 

Statue géante du XVIIIe (4,50 m)
Statue géante du XVIIIe (4,50 m)

C'est ce qui explique le nombre prodigieux des images gigantesques de saint Christophe, peintes ou sculptées, qui étaient placées sur la façade ou à l'entrée des églises. Il fallait qu'elles fussent bien en évidence, aussi visibles que possible.

Comme saint Christophe protégeait de la mort subite, il était aussi invoqué contre la peste. De nombreuses corporations ou professions se plaçaient sous son patronage : tous les métiers exposant particulièrement ceux qui les pratiquaient au risque d'une mort soudaine comme, au Moyen-âge, les arquebusiers et, plus près de nous, les alpinistes, les automobilistes ou les aviateurs.

À cause de sa taille gigantesque et de sa force herculéenne, il est le patron des athlètes, des portefaix, des forts des halles, des déchargeurs de blé.

À cause de son métier il est le patron des passeurs d'eau et aussi des voyageurs, des pèlerins qui, au Moyen-âge, faute de ponts, devaient souvent traverser les rivières à gué.

En souvenir du tronc d'arbre verdoyant sur lequel il s'appuie, il est devenu le patron des jardiniers, des pépiniéristes.

C'est au début du XXe siècle que le patronage des automobilistes, dont il est devenu la mascotte, lui a procuré un regain de popularité. Un des premiers et principaux foyers de son culte fut Saint-Christophe-le-Jajolet, village de l'Orne, près d'Argentan.

Les pèlerinages

Des pèlerinages étaient organisés dans la commune, à différentes occasions, comme le prouvent les documents suivants, du tout début du XXe siècle.

Carte postale expédiée en 1903
Carte postale expédiée en 1903
Les pèlerins aux Grands Moulins
Les pèlerins aux Grands Moulins

Extrait du compte rendu du pèlerinage à St Gilles et à St Christophe du 1er septembre 1903, texte trouvé dans la semaine religieuse de la ville et du diocèse de Tours

 

Dès 6 heures du matin, les pèlerins commencent à arriver. Un peu sur toutes les routes aboutissant à la jolie petite ville, se suivent les carrioles ; elles précèdent les luxueuses voitures que, plus tard, on verra aussi arriver. Et dans l'église la foule s'en va grossissant toujours, jusqu'à 10 heures. C'est l'heure de la messe solennelle, et cette messe, chantée par 20 ou 25 prêtres des alentours, ne ressemble guère, par certains côtés du moins, aux grands-messes ordinaires de St Christophe. Et ce n'est pas souvent non plus, je pense, que le prédicateur y voit, du haut de la chaire, un auditoire aussi considérable. Cela, après tout, ne différencie pas précisément St Christophe de beaucoup d'autres localités à pèlerinages ; mais bien la procession du soir.

C'est cela surtout qu'il faut voir. Elle sort de l'église à 2 heures, et déroule dans les rues, au milieu du respect de tous, traverse la pittoresque vallée du Nay, s'engage dans le chemin ombreux qui gravit la colline. Et toujours chantant St Gilles et St Christophe, les 6 ou 700 pèlerins arrivent à la chapelle champêtre de St Gilles.

En priant, en chantant, la pieuse théorie reprend le chemin du retour.

Les pèlerinages automobiles à Saint-Christophe-sur-le-Nais

Le programme de 1928
Le programme de 1928

Le dimanche 24 juillet 1927 eut lieu le 1ier  pèlerinage automobile, avec gymkhana, organisé par le Comité des fêtes et du pèlerinage automobile, sous le patronage de l'Automobile Club de l'Ouest avec le concours de la musique municipale de St Christophe, de celle de Sonzay, de la Schola Cantorum St Odon et de la presse tourangelle.

Au programme :

10 h Grand-messe chantée. 10 h 30 Défilé. 11 h Bénédiction des voitures.

14 h, à la Vrille, gymkhana automobile, course aux barrières et course aux boîtes aux lettres ; pendant le gymkhana, concert par la musique de Sonzay. A la même heure, aux Grands Moulins, théâtre de verdure, concert par la musique de St Christophe, assauts d'épées et de sabres.

Fête champêtre, nombreuses attractions, bal, manèges, tirs, loteries

La veille, à 21 h, retraite aux flambeaux, embrasement général.

Les pèlerins passant sur la place
Les pèlerins passant sur la place
La bénédiction des automobiles dans le pré, en 1954
La bénédiction des automobiles dans le pré, en 1954
La procession en 1962
La procession en 1962

Cette manifestation à la fois religieuse et profane perdura jusqu'en 1977. Elle connut un succès retentissant et la commune voyait, à cette occasion, affluer des milliers de visiteurs.

En 1978, le Comité d'organisation cessa ses activités et le pèlerinage ne conserva que son aspect religieux.

 

Bénédiction des véhicules, rue des Potiers, en 1995
Bénédiction des véhicules, rue des Potiers, en 1995

La bénédiction des véhicules se perpétuera tant bien que mal.

En 2001, la nouvelle équipe du Comité des fêtes relance le pèlerinage automobile, mais la manifestation connaît un succès variable qui amène les organisateurs à jeter l'éponge après la dernière manifestation de 2007.

 

L'arrivée de la procession et des reliques à l'Espace Beau Soulage, en 2003
L'arrivée de la procession et des reliques à l'Espace Beau Soulage, en 2003

Lors des dernières éditions, les spectateurs pouvaient admirer d'anciens véhicules toujours rutilants.